Les enfants débattent des sujets des grands – Radio Rosée Bougie

La vérité protège la vie !

En janvier et février 2021 les jeunes du centre social de la Rosée ont réalisée une émission de radio. Du choix des sujets, à l’enregistrement de l’émission, en passant par les micro trottoirs, elles et ils ont travaillé d’arrache pied pour vous livrer une émission de haute volée, enregistrée le 18 février à la Bougie.
Au menu : le racisme et les violences conjugales, et les enfants n’ont pas leurs langues dans la poche !
Bonne écoute !

Félicitations à tous les participants , c’est vraiment une super émission, vous êtes super pros 🙂

#lesenfantsmieuxquelesgrands

 

 

Carte des récups

 

 

Voir en plein écran

 

Carte Collaborative /aide mémoire perso et non exhaustive des récups dans les (super)marché parisiens. Indiquer l’heure de sortie et la chaine.

Bonus :

L’île aux fleurs est un court métrage qui dure 12 minutes.
Ce film-documentaire, réalisé en 1989 par Jorge Furtado (oune brézilane), est un chef-d’oeuvre hélas intemporel.

Au travers du parcours initiatique d’une tomate, l’île aux fleurs nous apprend à redécouvrir la définition d’un être humain et explore joyeusement notre société.

LE MOUVEMENT AUTONOME EN ITALIE ET EN FRANCE (1973-1984)

Tiré du site http://sebastien.schifres.free.fr/

INTRODUCTION

Le mouvement autonome apparaît en Italie en 1973. On peut le définir comme la tendance extralégale de l’extrême-gauche. Rassemblant des idéologies assez variées, il se caractérise surtout par un ensemble de pratiques que l’on détaillera ici. La référence au concept d’autonomie est ancienne au sein des mouvements révolutionnaires. Comme le rappelle Serge Cosseron dans son Dictionnaire de l’extrême gauche [1], elle est en effet déjà présente dans Le Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels, dont l’édition allemande définit « le mouvement prolétarien » comme

« le mouvement autonome [selbständig] de l’immense majorité dans l’intérêt de l’immense majorité » [2].

Les différentes définitions de l’autonomie tournent autour de deux questions : « autonomie de qui ? », et « autonomie par rapport à quoi ? ». Depuis le XIXe siècle, les différents courants révolutionnaires font le plus souvent référence à l’autonomie du « prolétariat » ou de la « classe ouvrière ». L’autonomie ouvrière sous-entend une autonomie par rapport à la classe antagoniste : autonomie par rapport à la bourgeoisie. Mais des interprétations relativement différentes se dessinent sur les modalités de cette autonomie du prolétariat dans sa lutte contre la bourgeoisie. Cette autonomie prolétarienne sous-entend-t-elle une autonomie par rapport à l’Etat ? Par rapport aux institutions ? Par rapport aux lois ? Par rapport à l’économie ? Par rapport aux partis politiques ? Par rapport aux syndicats ? Et que signifie cette autonomie ? S’agit-il d’un simple volonté d’indépendance dans ses prises de décision, d’un refus de collaborer, d’un projet de sécession, ou d’une déclaration de guerre ?

On choisira de définir l’autonomie prolétarienne comme le fait pour le prolétariat de s’organiser dans sa lutte, à la fois en dehors des structures institutionnelles, et en opposition avec le cadre légal imposé par l’Etat. Cependant, il ne s’agit pas ici d’étudier l’autonomie prolétarienne en tant que pratique de classe. On s’intéressera en effet à un autre sujet : le « mouvement autonome », compris comme identité politique historiquement datée. En effet, à partir de 1973, l’Autonomie désigne une tendance de l’extrême-gauche, qu’il faut impérativement distinguer de l’autonomie en tant que pratique de lutte. Cette tendance politique se réfère aux pratiques autonomes et la confusion est permanente. Certaines composantes de la tendance politique refusent d’apparaître en tant qu’identité politique et aspirent à fusionner avec les pratiques. Mais cette aspiration à l’invisibilité n’empêche pas ces composantes politiques de pouvoir être identifiées comme telles.

A partir de 1977, l’Autonomie devient également une tendance politique de l’extrême-gauche française. C’est aussi le cas pour l’extrême-gauche allemande à partir de 1980. Le mouvement s’étend à la même époque en Espagne, en Suisse, aux Pays-Bas, et au Danemark. On se concentrera ici sur les mouvement italien (1973-1979) et français (1976-1984). Dans les années 70, c’est surtout la référence à l’Autonomie qui permet de distinguer le mouvement autonome des autres tendances de l’extrême-gauche. A partir des années 80, le mouvement autonome se distingue plus par ses pratiques politiques du fait de l’abandon des pratiques extralégales par les autres composantes de l’extrême-gauche.

La problématique ici étudiée concerne la question de la dynamique du mouvement autonome : pourquoi apparaît-il en Italie puis en France ? Comment se développe-t-il ? Qu’est-ce qui fait sa force ? Quelles sont ses limites ? Pourquoi s’effondre-t-il en 1979 ? Pour répondre à ces questions, je m’appuierai sur le cadre théorique avancé en 1993 par Ruud Koopmans pour expliquer l’évolution des mouvements sociaux en Allemagne de l’Ouest [3]. Koopmans reprend en partie les travaux que Sabine Karstedt-Henke avait publiés en 1980 sur les processus de radicalisation [4]. Il convient d’expliquer plus en détail ce modèle théorique.

Pour Koopmans, les protestataires ont le choix entre trois stratégies : l’innovation, la « massification » (augmentation des effectifs), ou la radicalisation dans la violence. Dans une première phase, l’innovation permettrait de faire émerger un nouveau mouvement social. Dans une seconde phase, le nouveau mouvement bénéficierait de ses pratiques innovantes et entrerait dans une phase de « massification ». Mais avec le temps, la dimension innovatrice du mouvement aurait tendance à disparaître, les nouveaux répertoires d’action utilisés devenant de moins en moins « nouveaux ». Dans cette seconde phase, les militants entreraient en quelque sorte dans un processus de routine en privilégiant l’augmentation des effectifs. Enfin, dans une troisième phase, le mouvement aurait tendance à s’institutionnaliser et à disparaître. Dans cette dernière phase, les militants se professionnalisent et deviennent des spécialistes d’un secteur du mouvement social. Les participants sont de moins en moins nombreux. Ce processus d’institutionnalisation des mouvements sociaux s’accompagnerait parallèlement d’un autre processus, antagoniste, de radicalisation dans la violence des tendances les plus extrémistes du mouvement. Ce double processus d’institutionnalisation et de radicalisation entraînerait une chute accélérée des effectifs et à terme la disparition du mouvement.

Pour Koopmans et Karstedt-Henke, l’attitude des autorités joue un rôle dans cette évolution. Koopmans distingue quatre types de répertoires d’action : les actions légales, les actions de « confrontation » (illégales mais non-violentes), la violence émeutière, et la violence militaire. Selon Koopmans, les mouvements sociaux ont plus tendance à leurs débuts à développer des actions de confrontation, la dimension innovatrice du nouveau répertoire d’action utilisé étant généralement liée à son caractère illégal. Face aux mouvements sociaux, les autorités cherchent à réprimer les éléments les plus radicaux et à dialoguer avec les plus modérés. Mais lorsqu’un nouveau mouvement social apparaît, il est difficile pour les autorités de faire cette distinction. Selon Koopmans, la répression aurait plus tendance à s’abattre sur les actions de confrontation, les éléments violents étant plus difficiles à arrêter.

Ces actions étant plus réprimées, les protestataires auraient progressivement tendance à les abandonner, les plus modérés choisissant des formes d’action légales, et les plus radicaux choisissant des formes d’action violentes. Les autorités joueraient donc en ce sens un rôle décisif dans le processus d’institutionnalisation et de radicalisation des mouvements. A la fin du mouvement, la répression se concentrerait sur les formes d’action violentes. L’effet de cette répression entraînerait une radicalisation dans la violence, les éléments les plus extrémistes abandonnant progressivement les actions émeutières pour évoluer vers la clandestinité et la lutte armée. Cette escalade dans la violence et la répression entraînerait la mort du mouvement. On tentera donc de voir dans quelle mesure ce schéma peut s’appliquer au mouvement autonome en Italie et en France.

Plusieurs ouvrages ont été publiés sur le mouvement autonome. Les plus approfondis concernent le mouvement allemand. La plupart de ceux qui tournent autour du mouvement italien ne l’abordent qu’à travers le prisme très réducteur de la violence politique et des groupes armés. En ce qui concerne le mouvement français, le seul ouvrage traitant le sujet n’a été écrit qu’en 1978 [5], c’est-à-dire quasiment au moment de sa naissance.

Cette recherche n’a donc été possible qu’à partir d’une série d’entretiens que j’ai réalisé entre 2002 et 2005. Au total, vingt-trois personnes ont été interrogées (quinze Français et huit Italiens) : vingt anciens autonomes et trois Français ayant fréquenté la mouvance à la fin des années 70 et au début des années 80. Ces entretiens semi-directifs étaient surtout destinés à combler le peu d’éléments dont on peut disposer pour retracer l’histoire du mouvement autonome. J’ai donc le plus souvent demandé à ces personnes d’essayer de raconter leur parcours politique de manière chronologique. C’est à travers la combinaison de ces différents parcours qu’émergent les multiples questions que pose l’histoire du mouvement autonome sur les logiques de ses acteurs. En effet, les individus ont toujours une vision partielle du mouvement auquel ils participent : ils en cernent rarement tous les tenants et tous les aboutissants. Certaines composantes en ignorent d’autres.

Au cœur des conditions historiques, économiques, sociales, et culturelles, chaque individu a un parcours unique qui va déterminer sa situation et ses choix au sein d’un jeu de tensions entre des influences contradictoires. Dans ce jeu de tensions, deux types d’engagement peuvent être distingués : l’engagement déterminé par les conditions sociales, et l’engagement motivé par des logiques culturelles. Ces deux types d’engagement se confondent le plus souvent mais suivant les individus l’un domine généralement sur l’autre. On essaiera donc de distinguer ces deux facteurs.

Compte tenu des différences entre les situations italienne et française, il n’est pas possible de les traiter dans leur globalité. J’ai donc choisi de traiter les deux mouvements séparément. Leur différence est d’abord quantitative : alors que l’Autonomie italienne est un mouvement de masse, l’Autonomie française est groupusculaire. Pour cette raison, on traitera plus spécifiquement de la question de l’organisation du mouvement italien.

J’essaierai d’aborder le mouvement autonome en distinguant trois étapes de son évolution : ses fondements, sa dynamique, et son effondrement. Dans le cas italien, on distinguera la dynamique initiale enclenchée par les comités ouvriers à partir de 1973 de la seconde phase portée par le mouvement de 1977. Les processus d’effondrements prennent également des formes différentes : répression brutale en Italie et lente décomposition en France. En ce qui concerne l’Autonomie italienne, on s’intéressera donc plus spécifiquement à la militarisation qui conduit à cette répression. Pour la France, on s’attardera par contre sur les limites du mouvement.

[1] Serge Cosseron, « Mouvement autonome, au cœur du mouvement révolutionnaire », Dictionnaire de l’extrême gauche, Larousse, 2007, p. 91.

[2] Karl Marx et Friedrich Engels, « Bourgeois und Proletarier », Manifest der Kommunistichen Partei, 1848. On remarquera cependant que dans l’édition française «selbständig » est traduit par « spontané ».

[3] Ruud Koopmans, « The Dynamics of Protest Waves : West Germany, 1965 to 1989 », American Sociological Review n° 58, 1993.

[4] Sabine Karstedt-Henke, « Theorien zur Erklärung terroristischer Bewegungen », in Erhard Blankenburg, Politik der inneren Sicherheit, Suhrkamp, 1980.

[5] L’Autonomie, le mouvement autonome en France et en Italie, Spartacus, série B, n° 90, mars 1978.

Pour télécharger tout le mémoire en pdf cliquez sur ce lien :

LE MOUVEMENT AUTONOME EN ITALIE ET EN FRANCE (1973-1984)

Pour accéder au sommaire :

Sébastien Schifres , Mémoire de master II de sociologie politique , Université Paris VIII sept. 2008 dir. Daniel Lindenberg.master

Pour lire le mémoire en ligne :

INTRODUCTION

I L’AUTONOMIE ITALIENNE

1/ FONDEMENTS
Dimension historique et structure politique de l’Italie
Les collectifs de quartier
Les comités ouvriers
Les opéraïstes

2/ DYNAMIQUE
Le pouvoir ouvrier
Les squats
Les autoréductions

3/ ORGANISATION
Niveau national
Niveau local

4/ EXTENSION
Les « Cercles de jeunes prolétaires »
Le mouvement étudiant de 1977

5/ LIMITES
L’abandon des lieux de travail
Caractère minoritaire et dimension générationnelle

6/ MILITARISATION
L’option militaire
L’héritage insurrectionnaliste
Le processus de militarisation

II L’AUTONOMIE FRANCAISE (1976-1984)

1/ FONDEMENTS
La culture soixante-huitarde
La crise de l’extrême-gauche
L’importation idéologique
La radicalisation
L’émergence de nouveaux terrains de lutte

2/ DYNAMIQUE
La montée en puissance
L’identité autonome
La dimension communautaire

3/ LIMITES
La marginalisation
La structure politique de l’extrême-gauche
Les divergences
L’explosion
La militarisation

4/ DECOMPOSITION
L’effondrement
L’autodestruction
Teppisme et dépolitisation

CONCLUSION

ENTRETIENS
UGO TASSINARI (Collectif Autonome Universitaire de Naples)
VINCENZO MILIUCCI (Comités Autonomes Ouvriers de Rome)
VALERIO MONTEVENTI (Comités Ouvriers autonomes de Bologne)
FRANCO BERARDI, dit « BIFO » (Radio Alice, Bologne)

BIBLIOGRAPHIE

La mouvance autonome en France de 1976 à 1984

La mouvance autonome est en France une composante généralement méconnue de l’extrême-gauche. Si elle a fait une apparition assez médiatisée entre 1977 et 1979, la forme groupusculaire sous laquelle elle a survécu jusqu’à aujourd’hui l’a fait relativement tomber dans l’oubli. Il est vrai que parler de mouvance autonome en France après 1979 est controversé. Pour beaucoup d’autonomes de cette époque, le mouvement est définitivement mort peu après la manifestation du 23 mars. Pourtant, les formes de survivance sont multiples, en particulier dans les squats parisiens ou dans des apparitions de type émeutières. Le Centre Autonome Occupé (1983-1984), le Réseau Autonome Parisien de 1990, l’Assemblée de Jussieu de 1998, ou plus récemment les Black Block dans le mouvement altermondialiste témoignent de cette survivance. Mais cette analyse historique est critiquée par ceux qui préfèrent insister sur les différences entre les mouvements et les époques.

 

à lire sur  infokiosques.net

qui propose une tétralogie de brochures (mémoire, entretiens vol. 1 & 2, et une chronologie) qui peuvent se lire séparément, mais qui se complètent bien l’une l’autre…

« SÉCURITÉ GLOBALE, DE QUEL DROIT ? »

 

Le 30 janvier dernier, une fois encore, à l’appel de différentes organisations, des milliers de personnes se sont mobilisées contre le projet de loi de « sécurité globale », à Paris. Une ambiance festive avait surgi sur la place de la République, où teufeurs et monde du spectacle étaient venus appuyer les prises de parole de plusieurs collectifs, dont le syndicat national des journalistes (SNJ), le collectif Vérité et justice pour Gaye Camara et la coordination contre la répression. Ce rassemblement fut rejoint, vers 17 heures, par la manifestation des gilets jaunes qui avait défilé depuis la place de la Nation.Pas du tout la même ambiance dans les rangs des manifestants, qui arrivent le visage fermé, le corps tendu. Plusieurs accrochages avec des flics encadrant le cortège ont eu lieu. Les manifestants ont essuyé une dizaine de ruées des fonctionnaires cherchant à battre ou à arrêter un manifestant au hasard, comme cela s’était déjà produit le 12 décembre, nous rappelle une gilet jaune, dont nous écouterons le témoignage. Une stratégie d’encadrement de la manifestation, visant à instiller une certaine terreur, en multipliant les arrestations arbitraires.

Comment on se retrouve ensemble ? C’est quoi la stratégie ?

A peine étaient-ils rendus sur la place de la République que l’ordre d’évacuer est pris. Aucun retour n’est possible, faute de temps, sur ce qui vient de se passer, chacun repart avec son incompréhension. Et, de nouveau, c’est la charge musclée des CRS pour ceux et celles qui ne veulent pas évacuer assez vite. Ils arrêtent encore au hasard. A la fin de cette journée, 26 personnes ont été interpellées et placées en garde en vue. Les chefs d’accusation sont les mêmes pour presque tous : outrage, rébellion et attroupement en vue de commettre des dégradations et des violences. Une des personnes interpellées témoigne.

On se sentait comme dans un gros piège à poissons !

@sophie
suivi de

La coordination est restée sur la simple idée de défendre les journalistes. La loi sécurité globale dépasse largement ce problème-là !

Karine Parrot et Stéphane Elmadjian ont réalisé un documentaire dans lequel sept juristes décryptent les dispositifs techno-policiers prévus par le texte et, au-delà, le projet politique qu’il recèle. Ce sont Pascal Beauvais, professeur à Paris-I Panthéon-Sorbonne, Olivier Cahn, professeur à l’université de Tours, Lucie Cluzel, professeure à Paris-Nanterre, Christine Lazerges, professeure émérite de Paris-I Panthéon-Sorbonne, Raphaëlle Parizot, professeure à Paris-Nanterre, Ludivine Richefeu, maîtresse de conférences à CY Cergy Paris Université et Noé Wagener, professeur à Paris-Est Créteil.

De ces réflexions, nous avons tiré un petit montage pour revenir sur l’essentiel de ce que contient le projet de loi de sécurité globale et montrer à quel point il est important de se mobiliser contre. Le réexamen de la loi et son article 24 passera le 3 mars devant la commission des lois de la Chambre haute, puis les 16, 17 et 18 mars en hémicycle.

Au lieu d’un basculement – comme on a connu historiquement – dans un système autoritaire, on a une construction progressive, par petites touches…

–   publié  initialement  sur L’actualité des luttes le 11 janvier 

L’Actualité des Luttes

12H30-13H30 SUR FREQUENCE PARIS PLURIELLE 106.3FM/rfpp.net

Le grand marathon – Podcast Adiòs prisiòn

Lecture en français du poème Le grand marathon  d’Antonio Vàzquez Vàzquez , publié dans Adiós prisión, récits des évasions les plus spectaculaires (Juan José Garfía) en 1995 :

Musique : Soft Rains – Earth Dance  , libre de droits et trouvé sur dogmazic

Vous trouverez une version ( en anglais ) du recueil  téléchargeable en cliquant ici .

 

Pourquoi traduire et rééditer un livre qui raconte des histoires vieilles de presque trente ans, qui se sont déroulées de l’autre côté des Pyrénées ? Des histoires qui ont rempli les colonnes des faits divers pour ensuite tomber dans l’oubli? Pourquoi ? Cela nous est expliqué en épigraphe : « Et bien, pour cela…. Pour les camarades, pour qu’ils voient que c’est possible, et qu’ils osent ». Ce livre est bien plus qu’une collection d’anecdotes personnelles. Il raconte la vie d’hommes qui refusent la Machine. C’est l’expérience vécue d’individus qui refusent simplement, sans forcément d’appuis idéologiques ou politiques, qu’on les prive de leur liberté.

Ce livre est un manuel. Un manuel de psychologie intransigeante, qui nous montre comment déceler les forces, les faiblesses, les besoins des adversaires pour les tourner à notre avantage. Un manuel de bricolage, qui nous montre comment aiguiser notre vision du monde environnant par l’ingéniosité et la fantaisie. Un monde où une chaise n’est pas une chaise, mais un agrégat de pièces de bois et de métal décomposables et recombinables selon notre volonté. Un simple cahier à spirale devient pour un esprit libre et déterminé un crochet métallique et du matériau combustible. C’est aussi un manuel d’anti-négociation, face aux preneurs d’otages que sont la justice et l’administration pénitentiaire, qui nous explique étape par étape comment se frayer un chemin vers la sortie.

« Force, courage et détermination. » Les histoires de ce livre illustrent en actes cette formule d’amitié et presque devise qui s’échange et se souhaite entre prisonniers. Qu’ils soient des odes au courage individuel ou des rencontres et des moments de confiance mutuelle entre deux individus déterminés, ces récits nous rappellent aussi l’importance du soutien extérieur aux prisonniers. Voilà pourquoi traduire et rééditer Adiós Prisión, parce que la nécessité de s’évader est, et sera, universelle et intemporelle tant que, brique par brique, nous n’aurons pas détruit toutes les prisons.

Pour écrire à L’assoiffé : lassoiffe[a]riseup.net

Traduction Anglaise du poème lu :

The great marathon

I run and the sun follows me

up hill, down dale,

my feet are cut and bleeding

my saliva dried up long ago.

I run night and day,

I no longer control my legs

lifting up my head

I see the horizon far away,

there are still many uphill slopes to go.

But I know I must continue,

that I can’t wilt,

I must keep on running,

they can’t catch me.

I am running to freedom,

I’m the best runner,

the first, there’s no change,

this is my marathon.

I started by jumping from the wall

of what was my prison,

there I rose up,

but the road is long,

the marathon doesn’t end.

Everybody is chasing me,

if someone overtakes me

my race ends.

My legs are giving up on me,

I need to rest,

I need a hideout from where to look around.

I’m tired and can’t make it any longer,

I want to let myself fall down,

I want to hand over,

I want to stop running.

I hear voices in the distance:

“We’ve got him, it’s him!”

I spring up again

and my feet start to fly.

There are no chains, I’m the only runner,

I won’t let myself be caught.

But again I get tired

I feel I’m not going to win.

It’s a very long marathon

and I’ll never make it

Since I started running

I haven’t been able to rest,

always looking around

always looking behind.

With my heart in my mouth

and nerves tense,

almost without sleeping,

I’ll always be an outcast,

in prison and in the street

always like a loser,

I’ll only be free

for as long as my marathon continues.

Antonio Vázquez Vázquez