Le grand marathon – Podcast Adiòs prisiòn

Lecture en français du poème Le grand marathon  d’Antonio Vàzquez Vàzquez , publié dans Adiós prisión, récits des évasions les plus spectaculaires (Juan José Garfía) en 1995 :

Musique : Soft Rains – Earth Dance  , libre de droits et trouvé sur dogmazic

Vous trouverez une version ( en anglais ) du recueil  téléchargeable en cliquant ici .

 

Pourquoi traduire et rééditer un livre qui raconte des histoires vieilles de presque trente ans, qui se sont déroulées de l’autre côté des Pyrénées ? Des histoires qui ont rempli les colonnes des faits divers pour ensuite tomber dans l’oubli? Pourquoi ? Cela nous est expliqué en épigraphe : « Et bien, pour cela…. Pour les camarades, pour qu’ils voient que c’est possible, et qu’ils osent ». Ce livre est bien plus qu’une collection d’anecdotes personnelles. Il raconte la vie d’hommes qui refusent la Machine. C’est l’expérience vécue d’individus qui refusent simplement, sans forcément d’appuis idéologiques ou politiques, qu’on les prive de leur liberté.

Ce livre est un manuel. Un manuel de psychologie intransigeante, qui nous montre comment déceler les forces, les faiblesses, les besoins des adversaires pour les tourner à notre avantage. Un manuel de bricolage, qui nous montre comment aiguiser notre vision du monde environnant par l’ingéniosité et la fantaisie. Un monde où une chaise n’est pas une chaise, mais un agrégat de pièces de bois et de métal décomposables et recombinables selon notre volonté. Un simple cahier à spirale devient pour un esprit libre et déterminé un crochet métallique et du matériau combustible. C’est aussi un manuel d’anti-négociation, face aux preneurs d’otages que sont la justice et l’administration pénitentiaire, qui nous explique étape par étape comment se frayer un chemin vers la sortie.

« Force, courage et détermination. » Les histoires de ce livre illustrent en actes cette formule d’amitié et presque devise qui s’échange et se souhaite entre prisonniers. Qu’ils soient des odes au courage individuel ou des rencontres et des moments de confiance mutuelle entre deux individus déterminés, ces récits nous rappellent aussi l’importance du soutien extérieur aux prisonniers. Voilà pourquoi traduire et rééditer Adiós Prisión, parce que la nécessité de s’évader est, et sera, universelle et intemporelle tant que, brique par brique, nous n’aurons pas détruit toutes les prisons.

Pour écrire à L’assoiffé : lassoiffe[a]riseup.net

Traduction Anglaise du poème lu :

The great marathon

I run and the sun follows me

up hill, down dale,

my feet are cut and bleeding

my saliva dried up long ago.

I run night and day,

I no longer control my legs

lifting up my head

I see the horizon far away,

there are still many uphill slopes to go.

But I know I must continue,

that I can’t wilt,

I must keep on running,

they can’t catch me.

I am running to freedom,

I’m the best runner,

the first, there’s no change,

this is my marathon.

I started by jumping from the wall

of what was my prison,

there I rose up,

but the road is long,

the marathon doesn’t end.

Everybody is chasing me,

if someone overtakes me

my race ends.

My legs are giving up on me,

I need to rest,

I need a hideout from where to look around.

I’m tired and can’t make it any longer,

I want to let myself fall down,

I want to hand over,

I want to stop running.

I hear voices in the distance:

“We’ve got him, it’s him!”

I spring up again

and my feet start to fly.

There are no chains, I’m the only runner,

I won’t let myself be caught.

But again I get tired

I feel I’m not going to win.

It’s a very long marathon

and I’ll never make it

Since I started running

I haven’t been able to rest,

always looking around

always looking behind.

With my heart in my mouth

and nerves tense,

almost without sleeping,

I’ll always be an outcast,

in prison and in the street

always like a loser,

I’ll only be free

for as long as my marathon continues.

Antonio Vázquez Vázquez